Recherche en art de Constance Juliette Meffre

Dans un pays en perpétuel progrès, la volonté du Vietnam de se tourner vers l’avenir va de pair avec le progrès numérique et les technologies qui l’alimentent. Bien qu’encore à ses débuts, la circulation rapide de l’information et l’accès aux nouveaux outils de communication permettent aux artistes d’expérimenter de nouvelles façons de créer des œuvres, de nouveaux récits, qui suscitent la réflexion tout en élargissant le lexique des médias traditionnels.

Le Parcours d’art présente donc des exemples de pratiques artistiques de la région du Vietnam, en mettant en évidence la spécialisation des techniques et des styles, ainsi que les divers efforts de revitalisation des pratiques perdues ou en voie de disparition [1]. Dans le cadre de l’affirmation plus large de la nécessité d’établir une plateforme horizontale pour la lecture des pratiques artistiques contemporaines de diverses lignées, ce Parcours d’art comprend des exemples de pratiques issus d’autres pays – associant ainsi des pièces basées sur leurs influences communes mais aussi sur leurs qualités visuelles, leur fonction sociale et leurs récits historiques similaires, d’une manière plus proche des principes de conservation de l’art contemporain que les sélections ethnographiques traditionnelles.

L’organisation de ce parcours artistique dans un cadre “art contemporain” affirme une volonté de développer ce qui est reconnu comme des pratiques artistiques contemporaines. Elle répond à ce programme politique visant à décoloniser nos taxonomies et nos perspectives et à dépasser la catégorie de l’art [2] telle que définie par l’héritage colonial, en incluant des artistes travaillant avec et à partir de multiples perspectives et significations esthétiques et cosmologiques, manifestant les multiplicités qui construisent notre réalité globale kaléidoscopique. Il est urgent d’inclure les pratiques qui ont été systématiquement exclues du domaine de l’art et désignées par un regard ethnographique colonial comme étant de l’artisanat, du folklore ou, au mieux, de l’art «traditionnel» [3], même si ces pratiques remplissent souvent des fonctions culturelles et sociales analogues dans leurs communautés, comme l’art le fait dans le système de la société mondiale. La présentation et la réception de ces œuvres dans le domaine changeant et critique de l’art contemporain reconnaissent la même nature évolutive de ces pratiques, ainsi que leur potentiel pour une réflexion critique de leurs contextes, par opposition au caractère statique et obéissant que leur assigne la perspective occidentale-centrée. En se référant à des répertoires de connaissances et des archives de pratiques distincts, l’incorporation de la technologie moderne dans des infrastructures existantes, ouvre la puissante relation de l’art et de la technologie avec un ancrage dans les connaissances et les pratiques des artistes d’aujourd’hui.

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