Ces mots, ou quelque chose de proche, m’ont été adressés un jour par un.e ami.e. Dans un moment où « Je t’aime », « Tu vas me manquer » ou « Prends soin de toi », auraient été d’usage, iel a inventé sa propre formule, un peu maladroite mais pourtant si juste qu’elle m’a profondément marquée. Quand les mots et les gestes d’amour pré-existants n’embrassent plus nos sentiments, quel langage inventer ?
L’exposition « feels good to know you exist » questionne la communication des émotions dans le contexte de relations non-normatives. Elle explore comment la remise en question des conventions de genre, sexuelles ou romantiques ouvre de nouvelles voies pour transcrire et vivre nos intimités. Elle spécule sur la construction d’un langage émotionnel alternatif, un peu trébuchant et bégayant, incertain, mais libérateur. Un langage qui ne serait pas seulement fait de mots, mais aussi de gestes, d’objets, de regards, de prières ou de cuisine ; de toutes les choses vivantes et non-vivantes qui traduisent ce sentiment étrange qu’on appelle amour. À travers eux, nichés au cœur de nos intimités queer, une révolution discrète s’opère et bouleverse nos identités.
Avec Julien Bourgain, Simon Erin, Ching-Chuan Kuo, Anna Tatton
Dates : du 26 novembre au 18 décembre 2022
Lieu : Datsuijo, Tokyo
Curation: Cléo Verstrepen
These words, or something close to them, were once said to me by a friend. In a moment when « I love you, » « I am going to miss you, » or « Take care » would have usually been used, they made up their own formula. It sounded a bit clumsy and, at the same time, so right that it deeply marked me. When the pre-existing words and gestures of love no longer embrace our feelings, what language can we invent?
“feels good to know you exist” reflects on the communication of emotions in the context of non-normative relationships. It explores how the questioning of gender, sexual or romantic conventions opens up new, creative ways of transcribing and living intimate feelings. It speculates on the construction of an alternative emotional language, somewhat stumbly and fumbly, a bit uncertain, but liberating. A language that wouldn’t be just made of words but also of gestures, objects, gazes, prayers, or food – of all the living and non-living entities which translate this strange feeling called love. Through them, nestled in the heart of our queer intimacies, a discreet revolution is taking place and disrupting our identities.
君が存在してると思うだけでホッとする」
ある友人にこのような言葉をかけられたことがあります。「好きだよ」とか「寂しくなるよ」とか「元気でね」と言うような瞬間に、独自の表現を編み出したのです。それは少しぎこちなく、同時にとてもしっくりきて、深く心に刻まれました。既存の愛の言葉やしぐさが私たちの感情を掴みきれない時、どんな言語を創りだせるでしょうか?
“feels good to know you exist”は非規範的な人間関係における気持ちのコミュニケーションについて考えるものです。それはジェンダー的、性的、ロマンチックな慣習に疑問を呈すことで、親密な感情を抱いて生きる上での新しいクリエイティブな方法を探求するものです。それはどこかたどたどしく探りながらも開放的に、新たな感情的言語の構築を思索するものです。言葉だけではなく、身振り、物、視線、祈りや食べ物など、愛という不思議な感情を翻訳する、ありとあらゆる生き物と非生物の言語。クィアな親密さの核をなすそれらを通して、静かな革命が起こっていて、私達のアイデンティティに揺さぶりをかけています。
Curated by @cleoverstrepen
Translation @hibikini@rikaonair
Photo @kuochingchuan
Graphic design @cleoverstrepen
Co-production: DDA Contemporary Art avec le soutien de la Région Sud @d.d.a_contemporary_art & Datsuijo @datsuijo
Avec le soutien de Tokyo University of the Arts – Department of Global Arts
Programme
Samedi 26 novembre
Opening
Performance – Simon Erin
Talk – Anna Tatton
Dimanche 27 novembre
Talk – Lana Kageyama/Iwakan
Neon bookclub @neon.bookclub
Samedi 17 décembre
Discussion – Ching-Chuan Kuo
Projection de courts-métrages
Dimanche 18 décembre
Événement culinaire par Sous-Couverts (Arthur Dejaegere & Cleo Verstrepen)
Le lieu
Datsuijo – (a) place to be naked est un collectif d’artistes, curateurs et chercheurs internationaux organisant un project-space dans le quartier de Yanaka, à Tokyo. Le terme datsuijo (脱衣所), couramment utilisé en japonais, désigne le lieu où les personnes se déshabillent avant de pénétrer au sento, le bain public. Datsuijo, ancienne maison vouée à être détruite sans l’intervention du collectif – se situe entre le privé et le public, et joue sur cette ambiguïté. Partant de l’idée que le personnel est politique, nous y abordons des sujets intimes tel que le genre, le corps, le deuil, l’amour ou les fantômes. Sortant des cadres institutionnels classiques, Datsuijo souhaite offrir un espace de réflexion non-hiérarchique et interdisciplinaire où chacun.e puisse se mettre à nu.
Membres : Rika Nakashima, Anna Tatton, Ness Roque-Lumbres, Seibun Lijingwen, Hibiki Mizuno, Matt Garrett, Cleo Verstrepen

ARTISTES
Ching-Chuan Kuo
Ching-Chuan Kuo est né à Taiwan et vit au Japon. Après une licence de Beaux-Arts à l’Ecole nationale d’art de Taipei, il étudie à l’Université des arts de Tokyo. Il envisage sa pratique artistique comme une étude de l’expérience humaine dont il puise les matériaux dans la vie quotidienne. Avec transparence, sensibilité et humour, il ausculte sa relation à son environnement, aux objets et aux êtres humains et non humains qui l’entourent. Son travail interdisciplinaire touche à la peinture, à la photographie, au texte et à l’installation.
Œuvres présentées : Kuo Ching-Chuan présentera un ensemble de travaux inspirés des relations qui l’ont récemment marqué, mêlant textes poétiques, images (peintures, dessin) et objets de l’espace intime transformés (céramiques, coussins, savons). Ces mots, ces images et ces objets se superposent, leurs frontières se brouillent, ils créent une narration comme un jeu de piste, au sein d’un espace d’exposition transformé en lieu d’intimité et de partage.
Instagram : @kuochingchuan

Julien Bourgain
Né·e en 1995, Julien Bourgain vit et travaille à Marseille. Iel est diplômé·e de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence en 2018. Son travail prend la forme de performances participatives ou collaboratives, d’installations vidéo, de poèmes, ou de sons. Depuis 2017, iel a notamment participé à l’exposition HYPERSENSIBLE à La Compagnie, lieu de création, à Briser la glace au Château La Cost, à la Relève II à art-cade* Galerie des Grands Bains Douches, au Showroom d’Artorama à Marseille… Iel a eu l’occasion de développer ses recherches lors de différentes résidences avec les ateliers Médicis en Alsace, le 3bisf à Aix-en-Provence, ou encore avec l’association Voyons Voir dans différents lieux de la région Sud. La performance est-elle une fête ? C’est la question qui motive sa démarche artistique. Multipliant les expériences de création à plusieurs, iel envisage l’art comme une célébration de la vie.
Œuvres présentées : Julie Bourgain présentera sous la forme d’une pièce sonore son texte Jamais tout.e seul.e, traduit en anglais par Cléo Verstrepen et lu par Ching-Chuan Kuo, ainsi que deux vidéos : Traverser la nuit monter la colline (2021) et Longer l’argens s’ancrer sur la rive (2022).
Instagram : @uniteton. https://julienbourgain.fr/

Crédits : Julien Bourgain
Anna Tatton
Anna Tatton est née au Royaume-Uni et basée à Tokyo. Elle est chercheuse au département d’études de genre de la Tokyo International Christian University et membre du collectif Datsuijo. Sa thèse porte sur l’importance et la signification de la communauté queer au Japon, en particulier les femmes et les personnes transgenres. Elle s’intéresse également à la manière dont ces questions se reflètent dans la littérature, ainsi qu’aux problématiques liées à la traduction, notamment en poésie.
Anna présentera son travail en cours Untangling- a Queer Reading Into The work of Yosano Akiko (démêler une lecture queer du travail de Yosano Akiko), une traduction alternative et créative de Midare Kami (« cheveux emmélés »), ouvrage poétique de Yosano Akiko dont les traductions préexistantes invisiblement la nature queer. Une édition de ce texte sera exposée dans l’espace.
Instagram @anna__tatton
INTERVENANT.ES
Simon Erin
Simon Erin, danseur et interprète français, commence sa formation de danse contemporaine et classique au CRR de Rouen. En 2013, il intègre l’École Atelier Rudra Béjart, puis en 2015 Le Ballet Junior de Genève. C’est ensuite à Kyoto qu’il commence à danser dans ses propres créations et en collaborations avec d’autres artistes. C’est également au cours de ce séjour au Japon que l’idée de son alter ego drag, Satō Madjo, est née. De retour à Paris, ce personnage prend forme et performe sur les scènes des bars parisiens. Aujourd’hui, en France et au Japon, Simon/Satō Madjo explore l’art du drag et les infinies possibilités d’expression qu’il permet, en l’intégrant à sa pratique de la danse.
Simon Erin interprétera la traduction par Anna Tatton de Midari Kami au cours d’une performance intime mêlant lecture, danse et codes du drag-queen.
Instagram : @simon.nire @satomadjo

Iwakan
Iwakan est un magazine géré collectivement qui se concentre sur les communautés sous-représentées au Japon et dans le monde, à travers une approche queer et féministe. Leurs articles impliquent souvent la traduction d’idées et de textes d’une langue à l’autre, d’une culture à l’autre, d’une manière critique.
Les membres d’Iwakan seront invités à présenter leur travail d’édition et de traduction au sein de leur revue de textes portant sur les intimités queer.
Instagram : @iwakanmagazine. https://iwakanmagazine.com/
Invitée : Lana Kageyama
Après des études sur la censure de la sexualité dans la littérature française du 20eme siècle, Lana rejoint IWAKAN à partir du troisième numéro en tant que rédactrice. Elle s’occupe également des ventes et de la promotion du magazine afin de transmettre ses valeurs à travers le Japon, essayant ainsi de délocaliser la pensée autour du genre, souvent centralisée dans les métropoles.
Sous-couverts
Sous-couverts est un duo artistique et culinaire composé d’Arthur Dejaegere et Cléo Verstrepen. A travers une pratique de la cuisine expérimentale et sensible, qui emprunte au champ de la performance et de l’installation, iels cherchent à créer des relations et des espace-temps significatifs. Du processus au produit fini, iels s’intéressent aux histoires, représentations et mythologies qui entourent l’acte de se nourrir, dans un souci de soin de ceux qui mangent comme de ceux qui sont mangés.
Pour fêter la fin de l’exposition, iels proposeront un buffet dialoguant avec les œuvres et les thèmes présentés.
Instagram : @souscouverts
CURATION
Cléo Verstrepen
Cléo Verstrepen est doctorant.e à l’Université Vincennes – Saint-Denis (Paris 8) et chercheureuse invité.e à l’Université des Arts de Tokyo en tant que lauréat.e de la Bourse d’Étude et de Recherche du Gouvernement Japonais (MEXT). Sa thèse porte sur les espaces artistiques impliqués dans des processus de revitalisation urbaine et d’empowerement des communautés. Son approche de la recherche est créative et intégrative, elle s’étend en dehors de la sphère académique par le biais de pratiques artistiques et curatoriales. Elle rejoint la plateforme D.D.A Contemporary Art en 2021 pour accompagner l’écriture et la production de projets artistiques entre la France et le Japon. En 2022, elle devient membre du collectif et project-space Datsuijo (Tokyo).
Instagram : @cleoverstrepen


