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Alexandre Chanoine
Alexandre Chanoine fabrique des objets avec des pierres, à la fois sculptures, jouets et instruments. Il les manipule, les bouscule, les faits sonner en explorant les puissances de gestes primitifs, prémices d’érosion. Convoquant des temporalités qui dépassent de loin celles des humains et par delà toute catégorisation de ses gestes et œuvres, Alexandre Chanoine creuse un sillon aussi sensible que singulier, où l’infinment vieux nous fait entendre l’infiniment beau.

Sculptures, performance sonore, 2021
Cette recherche à commencé en 2010, lorsque j’ai découvert le grainage des pierres dans l’atelier de lithographie des beaux arts de Nantes. Cette opération consiste à aplanir la surface de la pierre lithographique.
Pour cela on utilise deux pierres lithographiques que l’on ponce l’une sur l’autre à l’aide de sable fin et d’eau. Cette action peut prendre plusieurs heures selon l’état des pierres.
C’est dans cet atelier que j’ai découvert le son que pouvait produire les pierres. Je les utilisais déjà dans mon travail, pour leur présence intemporelle et leur formes sculptées par les éléments.
Elles avaient pour moi le potentiel de mettre une distance certaine.
De pouvoir nous faire douter.
La découverte du son produit par les pierres, m’a permis d’ouvrir ma pratique de la sculpture.
Dorénavant, mes sculptures seront des instruments, des outils, ils me permettront de jouer. L’oeuvre n’est plus un aboutissement, mais un médium pour jouer dans le présent, dans l’espace.
J’aime l’idée d’oeuvres qui servent à oeuvrer.
Ce qui m’intéresse, c’est la perméabilité qu’il y a entre les «outils» que je fabrique et les gestes que je découvre en les manipulant. Souvent ces découvertes modifient les objets, puis les gestes s’affinent ou se transforment.
C’est avec ces interactions que mes objets se dessinent.
J’aime l’idée de cheminer sans objectif(s), de prêter l’oreille et la main à ce qui n’a pas de nom.
Bricoler quelque chose qui ne soit pas de parole, de raison, qui ne veut rien dire (pas de vouloir dire.)
Je me sers des pierres comme outil de relativité.
Elles sont prises dans une échelle de temps qui nous dépasse et jouer avec elles c’est aussi jouer avec l’idée qu’on se fait du temps, avec notre rapport au monde. Dans mes performances, j’use de gestes répétitifs simples comme pousser/tirer, tourner, balancer…
Mes objets servent à donner suffisamment de corps au son pour que l’on puisse éprouver quelque chose de l’ordre de l’érosion.






© Elie Kongs



© Sara Lana
Métaboles, aux ateliers Jeanne Barret, le 22 juin 2021



© F.Kolandjiaan









© Luce Moreau
résidence dans le Lot au MAGCP



© Yohann Gozard